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Vivre sans chauffage ni eau courante

Lorsque le rêve de la vie champêtre tourne au cauchemar

Mélody, enseignante, et Jean-Daniel, étudiant, ont décidé de s’installer dans un chalet non pas pour profiter de l’air pur de la nature, le temps d’un été, mais bien par obligation, faute d’avoir trouvé un logement en ville d’Yverdon.

Une vie champêtre idyllique? Pas vraiment. «Nous sommes arrivés ici en février. Pendant deux semaines, il faisait 0° degré dans la chambre. Malgré trois duvets et un training, il nous est arrivé de nous réveiller la nuit parce qu’on avait froid», explique Jean-Daniel, étudiant à la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD). «Depuis peu, nous allumons le radiateur électrique la nuit. La chambre est alors maintenue à 3° 4°, ce qui est suffisant pour bien dormir. Inutile de chauffer plus, question de coûts», souligne Mélody. Et d’ajouter: «Nous n’avons pas d’isolation. Du coup, nous sommes tributaires de la météo. S’il fait 4° dehors, la température sera la même dedans. Heureusement, le week-end, on peut maintenir allumé notre poêle à charbon toute la journée ce qui réchauffe les pièces». Quant à leurs affaires, elles dorment bien au chaud dans une fondation chrétienne. «Ne trouvant pas de logement, nous avons multiplié les plans B et avons déménagé quatre fois en un an. Comme le chalet est déjà meublé, nos affaires n’ont pas leur place. Nous n’avons gardé que le strict minimum», informent-ils.

Système D

Difficulté supplémentaire, les jeunes gens n’ont pas l’eau courante. «Le chalet est isolé. L’eau est coupée et les tuyaux sont purgés avant l’hiver afin d’éviter le gel», expliquent-ils. Mélody et Jean-Daniel appliquent alors le système D. «Je remplis chaque jour 4 à 5 bouteilles d’eau à mon travail. Pour les toilettes, nous ramenons des seaux remplis de l’eau du lac, situé à 50 mètres du chalet», indique la jeune fille. Et de préciser qu’elle se lave sur son lieu de travail: «Je suis enseignante du coup je me douche dans les vestiaires du collège. Mon mari a un abonnement de piscine. Il profite donc des salles d’eau sur place». Et, comme dans l’ancien temps, la lessive se fait à la main.

Recherche active

Si les conditions de vie sont précaires, le couple y a gagné en proximité puisque le chalet se situe tout près de la HEIG-VD. Été comme hiver, Jean-Daniel s’y rend à vélo. Il met 25 minutes. Ce qui lui paraît tout à fait acceptable. «Avant nous habitions trop loin, je ne souhaitais pas faire de longs trajets. C’est pour cette raison que nous avons décidé de quitter notre  ancien appartement sans en avoir trouvé un autre», explique-t-il. Les tourtereaux s’y sont pourtant pris à temps. Ils ont cherché un nouveau logement 5 mois avant leur déménagement. Pour ce faire, ils ont consulté les offres des gérances sur internet et ont déposé plusieurs dossiers de location complets - garantie de loyer comprise - auprès de différentes régies. Le binôme a aussi affiché des annonces dans les magasins d’Yverdon et fait part de son intention de déménager à leurs proches, partant du principe qu’il est plus facile de trouver un logement par le biais du bouche à oreille. Mais leurs recherches sont restées lettre morte. Pourtant Mélody est enseignante. Elle bénéficie donc d’un revenu stable et suffisant pour louer un appartement.

SOS logement

Aujourd’hui encore, ils ne comprennent pas vraiment pourquoi ils n’ont pas réussi à dénicher un logement digne de ce nom.  D’autant plus qu’ils sont non-fumeurs, sans animaux domestiques et sans enfants. Mélody avance tout de même un élément d’explication: «Je suis institutrice et j’ai lu que les régies se méfiaient des  médecins, avocats et enseignants car, à la signature du bail, ces derniers connaissent leurs droits et demandent fréquemment une baisse de loyer».

Mais le binôme ne baisse pas les bras pour autant et recherche toujours activement un appartement. «Nous finirons par trouver. La ville d’Yverdon est assez grande pour qu’il y ait une petite place pour nous deux».