dossiers

Vivre dans un container

Des jeunes dans une boîte explosive?

Rapide, écologique et surtout économique, vivre dans un container, c’est tendance! Ce type d’habitat gagne du terrain, aux quatre coins du monde. Tour d’horizon entre espoir et désillusion.

Sur le campus du Havre (France), de drôles de boîtes bariolées trônent fièrement. Empilés sur cinq étages, les containers forment des petits immeubles. Un maximum d’espace sur une surface constructible minime. De quoi préserver le paysage du mitage du territoire. Niveau insonorisation, une couche d’air sépare chaque étage. Les caissons, d’une dimension de 2 mètres 50 sur 12 mètres, sont entièrement isolés avec un système de ventilation. Tous disposent d’une baie double vitrage qui donne sur un petit balcon. Chaque boîte métallique contient une chambre, une salle de bain et une mini kitchenette. Tout cela pour 250 euros par mois, Internet et chauffage compris.

De quoi faire rêver les étudiants ? Oui, si l’en on croit, Hiko 21 ans qui explique au journal «Ouest-France» : «C’est sec, pas sonore. Pas trop chaud l’été ni froid l’hiver. Et puis l’université est à peine à dix minutes à bicyclette». Autre avantage de ce type de logement: son espace, plus grand qu’une chambre dans un foyer pour un loyer du même prix. Des sites Internet français mettent, cependant, en garde : «en règle générale, le cadre de vie dans ces boîtes est très strict au niveau des horaires et des visites». On oublie donc les fiesta entre quatre murs jusqu’au bout de la nuit.

Cité mise en boîte

Folles soirées ou pas, à Amsterdam, la formule a la cote. Ces dernières années, une petite ville de tôle et d’acier a vu le jour. A côté des containers estudiantins, un café, un supermarché et un endroit où réparer ses vélos ont été construits sous la même forme. En Hollande, plus de mille logements de ce type ont été créés depuis 2005.  Sur sol helvétique aussi, l’idée fait son bout de chemin. Depuis 2006, Zürich dispose d’un appartement container de neuf étages. Genève envisage de réaliser un hameau du même type pour sans-abris. Et pourquoi pas pour les jeunes en formation? «Ça pourrait être une piste d’exploration à court terme mais en aucun cas une solution définitive pour parer à la crise du logement. Ce type d’habitat ne doit pas se substituer au bâti traditionnel», répond Noël Constant, responsable du projet hameau, pour qui la construction de nouveaux appartements reste une priorité. Les boîtes pour SDF sont d’ailleurs conçues pour tenir cinq ans. A Sion (VS), un projet de logement de ce type est en cours de réflexion. «Les containers auront une durée de vie de 20 ans. Après, il faudra en construire de nouveaux», précise Guillaume Moulin, à l’origine de ces constructions pour le moins atypiques. Du provisoire donc… Au Havre, les containers ont, depuis la rédaction de cet article, pris l’eau. Selon une information du «Paris Normandie», «les chauffe-eaux ne fonctionnent plus». A cela s’ajoute des fuites au plafond et des fenêtres mal isolées. Un étudiant s’inquiète: «On commence à avoir très froid, de l’air passe à travers les fenêtres et la porte. Avec la pluie, la tôle commence même à rouiller à certains endroits». Pire, en terme de sécurité, ce type d’habitat ne serait pas conforme à la législation française. Pour toutes ces raisons, bon nombre de projets de construction de ce type, dans l’Hexagone, ont été abandonnés. Alors vraie ou fausse bonne idée?


La petite histoire

Les premiers containers pour étudiants ont été conçus à Amsterdam et à Londres au début des années 2000. À l’origine, ces boîtes assuraient le stockage et l’acheminement de matériel par voie fluviale ou maritime. Puis, elles ont servi de toits aux sans-abris. L’idée d’y loger des jeunes en formation est concomitante à l’apparition d’importantes crises du logement. En plein développement, ce concept est actuellement utilisé dans la construction de maisons individuelles. Un hôtel de luxe, sous forme de container, a même vu le jour au Nigeria.