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Des policiers fédéraux impliqués dans la disparition des 43 étudiants au Mexique

Deux officiers fédéraux auraient participé à la disparition de 43 étudiants au Mexique en 2014, a révélé jeudi 14 avril la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). C’est la première fois que cet organisme d’Etat accuse la police nationale dans cette affaire qui a fait grand bruit dans le pays.

Les conclusions de la CNDH se fondent sur les témoignages d’une source qui n’a pas été publiquement identifiée en conférence de presse. Si on savait que les élèves-enseignants de l’école d’Ayotzinapa avaient été attaqués par des agents municipaux corrompus à Iguala dans le sud du pays, l’implication de membres des forces de l’ordre fédérales était, en revanche, inconnue.

De son côté, la police nationale a estimé quelques heures après ces révélations que les investigations de l’organisme n’apportaient rien de nouveau au dossier. Tous ses agents présents dans le secteur lors de la disparition avaient témoigné. « Pour le moment, leur responsabilité n’a pas été prouvée. »

 

« Décider quoi faire avec eux »

Selon la commission, le témoin a relevé la présence de deux officiers fédéraux à l’endroit où un bus transportant entre 15 et 20 étudiants a été stoppé par des policiers locaux. D’après les détails fournis par la CNDH, les policiers nationaux auraient demandé à leurs homologues municipaux ce qui se passait après que ces derniers eurent immobilisé l’un des autocars en tirant notamment dans les pneus.

L’un d’eux aurait alors expliqué que les jeunes gens allaient être envoyés à Huitzuco, une ville voisine, où « le boss » (le patron) allait « décider quoi faire avec eux ». Les policiers fédéraux auraient répondu, « OK, c’est bon », avant de les laisser les emmener.

Cette version des faits pourrait fournir une nouvelle piste de recherche aux autorités qui ont toujours affirmé que les élèves-enseignants d’Ayotzinapa avaient été incinérés dans la décharge de la ville de Cocula, ce qu’avaient remis en question des experts de la Commission interaméricaine des droits de l’homme.

 

Explorer « une nouvelle piste »

Cette révélation intervient après une série de vives critiques formulées par des organisations des droits de l’homme et des enquêteurs indépendants à l’encontre de l’enquête officielle. Cela « confirme la participation de plusieurs corporations policières locales et fédérales, et la nécessité de poursuivre l’investigation », a réagi de son côté l’avocat des familles des 43 disparus, Vidulfo Rosales. Les autorités judiciaires mexicaines ont pour leur part assuré qu’elles allaient « approfondir cette piste de l’enquête » et qu’elles allaient prendre des mesures pour assurer la sécurité du témoin.

La disparition de ces 43 étudiants dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014 avait provoqué un tollé international et une grave crise politique dans le pays deux ans après l’élection du président Enrique Peña Nieto. Au Mexique et ailleurs dans le monde, de nombreuses manifestations, parfois violentes, avaient dénoncé l’inaction de l’Etat et la corruption au sein des forces de l’ordre.

 

(source: Le Monde)

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